Agent de remplacement : une diversité d'origines, de parcours et de devenirs

Courant 2023, Service de Remplacement France a mené une enquête appronfondie sur les origines, les parcours et les aspirations des agents de remplacement afin de mieux cerner les besoins en recrutement et en fidélisation. Sur les 1 034 agents interrogés, actuels et anciens, l'étude a identifié quatre principaux sous-groupes, révélant la diversité des trajectoires professionnelles.

Les résultats mettent en lumière une ouverture croissante du métier d'agent de remplacement, attirant hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, aux horizons divers. Parmi les sous-groupes distingués, figurent "les agents de remplacement engagés", "les nouveaux actifs agricoles", "les agents de remplacement futurs chefs d'exploitation" et "les agents de remplacement aspirants chefs d'exploitation".

En règle générale, le métier attire surtout des hommes dans la trentaine, souvent avec un ancrage familial agricole. Attirés par la polyvalence et les perspectives de formation, de nombreux agents envisagent une future installation (40 % d'entre eux). Cependant, certains voient le salariat agricole, notamment via les Services de Remplacement, comme une véritable opportunité de carrière, tandis qu'un nombre croissant d'agents choisissent ce métier sans lien direct avec l'agriculture, y voyant une opportunité de découverte professionnelle.

Les "agents de remplacement engagés" sont principalement des hommes de 38 ans, avec une solide expérience au sein du Service de Remplacement. Ils cherchent à poursuivre dans cette voie, pour la plupart en tant qu'agents de remplacement (40 % d'entre eux), voyant le métier comme une chance de se former continuellement et de monter en compétences.

Les "nouveaux actifs agricoles" ont une répartition équilibrée entre hommes et femmes. Agés en moyenne de 36 ans, ils sont en début de carrière au sein du secteur, souvent en CDD. Bien qu'une légère majorité ait une formation agricole, un nombre significatif possède des diplômes plus généralistes (49 %), dont près de 20 % allant de BAC +3 à BAC +5, laissant ainsi présager d'éventuelles reconversions. Ne se projetant pas spécifiquement vers une carrière en tant qu'agents, ils sont davantage intéressés par divers projets et voient le Service de Remplacement comme une porte d'entrée dans le secteur agricole ainsi qu'un véritable moyen de développer leurs compétences.

Les "futurs chefs d'exploitation" sont principalement des hommes de 31 ans, avec une forte expérience agricole, souvent issus de familles elles-mêmes exploitantes agricoles. Ils considèrent le Service de Remplacement comme une étape formatrice, un tremplin vers l'installation, avec une majorité de CDI valorisant une plus longue expérience en tant qu'agent de remplacement.

Les "aspirants chefs d'exploitation" sont principalement des hommes jeunes, ayant une moyenne d'âge de 24 ans et quasiment exclusivement une formation agricole. En majorité en CDD, ils ont également un fort ancrage agricole, notamment avec des parents chefs d'exploitation, et voient plutôt le Service de Remplacement comme une étape temporaire avant l'installation, sans valoriser pleinement l'expérience acquise en tant qu'agent.

L'enquête révèle également que près de la moitié des anciens agents ont acquis une expérience en tant que salariés agricoles après leur passage au Service de Remplacement., tandis qu'un quart sont devenus chefs d'exploitation et un autre quart ont trouvé des postes en dehors du secteur agricole. En 2023, seul un quart des anciens agents étaient encore salariés agricoles, soulignant ainsi la nature potentiellement plus "transitoire" du salariat dans leurs projets professionnels, ou bien des éventuelles reconversions en dehors de l'agriculture.

La diversité des parcours des agents de remplacement met en lumière leur contribution essentielle à l'agriculture française, tant en tant que salariés que futurs exploitants. Une majorité d'entre eux, considérés comme étant "non issus du milieu agricole", n'ont pas de parents agriculteurs et donc, a priori, pas de liens directs avec ce secteur. Pour ces personnes, l'opportunité de progresser vers un poste responsabilisant au sein d'exploitations agricoles est précieuse, car ils n'ont souvent pas nécessairement accès au foncier agricole ni à la transmission des savoir-faire familiaux. Enfin, l'enquête confirme l'importance de l'élargissement du métier d'agent de remplacement à des profils variés, parfois éloignés de l'agriculture, dans un contexte où le secteur lutte pour renouveler sa main d'oeuvre et subit des transformations profondes dans la répartition de ses actifs. Ce changement constitue un défi majeur pour les Services de Remplacement, qui doivent répondre à une demande croissante en proposant des agents qualifiés tout en se positionnant comme une opportunité professionnelle pour des individus aux aspirations diverses.

[Etude financée avec le concours du Compte d'affectation spécial pour le développement agricole et rural du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire]


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